La clef de la course à pied n’est-elle pas
d’arriver à être le plus économe possible, c’est-à-dire à être efficace et
performant tout en dépensant le moins d’énergie possible. Le corps est très
bien conçu, puisque les muscles et les ligaments, ont tout comme un ressort,
une capacité d’élasticité et de restitution d’énergie. Lors de la course à
pied, à chaque contact avec le sol, ces structures absorbent les forces de
réaction du sol et les transforment en énergie de propulsion. Un coureur ayant
une bonne technique de course et une « gaine abdominale » solide
arrivera à optimiser aux maximums ces mécanismes tout en minimisant les risques
de blessures.
1. L’IMPORTANCE DE LA SANGLE ABDOMINALE
Lorsque vous courez, vous êtes sans cesse
entrain d’amortir les chocs lors de l’impact au sol et ces chocs représentent 2
à 3 fois le poids de corps à chaque foulée. Pour pouvoir encaisser au mieux ces
chocs, il faudra chercher à être placé autour de la ligne de pression
(placement en alignement segmentaire) mais aussi à avoir un tronc solide pour
résister au choc, éviter les blessures et pouvoir emmagasiner de l’énergie et
la restituer lors de la phase de propulsion. En effet, des études ont montré que
les abdominaux participaient activement à la prévention du mal de dos (Howard
et al 2010). Les muscler, limiterait efficacement les tassements de la colonne
vertébrale en la soutenant d’avantage lors des chocs. Ainsi, la ceinture
abdo-lombaire assurerait de meilleurs appuis et une posture plus efficace en
évitant les mouvements mal coordonnés ou une mobilisation non homogènes des
différents segments.
Dans le cas ou les muscles du tronc ne
seraient pas assez musclés, vous aurez tendance à réaliser de « faux
mouvements » (compensation d’un côté, asymétrie) et a avoir un alignement
pied à genou à bassin à épaule qui
sera perturbé. Or plus la déformation sera importante et plus vous devrez
produire d’énergie pour avancer. A l’inverse, des recherches ont tenté de
prouver qu’un haut du corps stable et musclé réduirait la dépense énergétique
et garantirait un transfert optimal et direct de la force au sol ainsi qu’une
foulée plus fluide et efficients (Behm, Cappa & Power
2009, Nicola & Jewison 2012).
2. RÔLE DE LA SANGLE ABDOMINALE EN COURSE A PIED
Lorsque vous courez, vos abdominaux
interviennent dans plusieurs domaines :
v EN VITESSE : Lorsque le coureur allonge sa foulée ou accélère ses mouvements de jambes pour aller plus vite, les abdominaux ainsi que les lombaires inférieurs entrent en actions. Plus ces muscles seront stables et solides et plus la force de propulsion sera importante (coordination entre le bas et le haut du corps et transfère de force).
v EN CÔTE : Avec une sangle abdominale solide, les pieds bénéficieront d’un plan stable sur lequel s’appuyer pour une ascension plus puissante. En effet, lorsque le coureur propulse sa jambe vers l’avant, les muscles fléchisseurs de la hanche viennent tirer sur le pelvis, tandis que les fessiers et les adducteurs se retrouvent sollicités lors de la phase de propulsion. Une hanche mobile avec des muscles puissants permettraient cette action du bassin sans venir compenser avec des muscles secondaires (ischios, quadriceps, bas du dos…).
v EN DESCENTE : Lors des descentes, l’athlète devra avoir des muscles fessiers solides pour absorber l’impact et venir contrer l’élan vers l’avant. Sans de bon abdominaux, les quadriceps ainsi que les articulations du genou supporteraient le poids de l’athlète, ce qui génèrerait de la fatigue, voir des douleurs (l’athlète venant compenser sur l’articulation du genou, sollicitant d’avantage les ischios plutôt que les fessiers).
v DANS LES MOUVEMENTS LATERALS : A chaque mouvement latéral soudain, les obliques procurent la stabilité qui permet à l’athlète de rester droit et d’éviter que les articulations du pied et de la jambe ne soient soumises à trop de poids et d’effort.
v EN
ENDURANCE : En
fin de course, des abdominaux solides permettraient de conserver une bonne
posture et de courir efficacement, même avec la fatigue qui s’installe. Avec de
bons abdominaux inférieurs, il sera plus facile de rester droit et d’éviter de
trop solliciter les hanches, les genoux et les tibias. En effet, très souvent
en fin de course, l’athlète, avec la fatigue, aura tendance à se tasser et à
venir compenser avec des muscles et articulations secondaires qui seront du
coup d’avantage sollicité (hanche, genou).
Le buste
constitue donc le « centre » de notre corps. Il relie nos membres et
la façon dont il fonctionne aura un impact considérable sur notre force,
puissance et endurance. En effet, les muscles de notre buste relient les deux
parties de notre corps. Ils jouent un rôle important en fournissant une base
solide au haut du corps, ce qui permet au bas du corps d’exercer sa force sur
le sol de manière la plus efficace qui soit, en gaspillant le moins d’énergie
possible. Enfin, nous avons vu que notre buste était indispensable pour
l’équilibre et la posture. En effet il neutralise les mouvements de rotation du
haut du corps, nous permettant de nous maintenir droit et de nous propulser
vers l’avant avec le bas du corps (point de transmission entre la rotation des
jambes dans un sens et des bras dans l’autre).
QUE DIT LA SCIENCE ?
Nous avons vu, que d’un point de vue fonctionnel, ces muscles étaient positionnés de manière centrale permettant une stabilité du tronc et du bassin mais aussi un transfert de force lors de la course à pied (Sale 2008). De plus nous avons vu qu’un tronc solide pouvait réduire le risque de blessures (Huxel & Anderson 2013, Haugen et al 2016). Par conséquence, le travail de cette région du corps serait indispensable.
Des études ont cherché à montrer les effets de l’entraînement de la force musculaire du tronc sur les performances sportives en course à pied. C’est le cas de l’étude de Paula Finatto (2018) qui à montré que l’entraînement « Pilate » améliorait les performances de course en modifiant le coût métabolique et l’activité musculaire chez des athlètes entraînés.
Les études de Hibbs et al
(2008) et Scott et al (2019) vont dans ce sens. L’un
montre que le renforcement de la stabilité du tronc optimiserait les
performances et l’autre que la fatigue du tronc et du haut du corps affecterait
négativement l’économie de course.
De plus les travaux de Behm et al (2009) ont montré que les triathlètes ont une plus grande activation du tronc que les non athlètes lors de la course à pied, ce qui pourrait contribuer à leur meilleure performance.
Enfin l’étude de Carlos Rivera (2016) montre l’importance d’un tronc musclé et son rôle dans la course à pied. En effet l’auteur explique que les muscles de la sangle abdominale apportent une « stabilité qui permet la génération de force et de mouvement dans les membres inférieurs ainsi que la distribution des forces d’impact en permettant des mouvements corporels contrôlés et efficaces ». Il rajoute que les « déséquilibres ou les déficiences des muscles abdominaux peuvent entraîner une fatigue accrue, une diminution de l’endurance et d’éventuelle blessures chez les coureurs ». (Compensation par des muscles secondaires pouvant entrainer des blessures aux genoux, dos, hanches…).
CONCLUSION :
Finalement une sangle abdominale solide permettrait d’augmenter les performances sportives (conserver une foulée qualitative même après beaucoup de kilomètre, meilleur transfert de forces d’impulsion au court de la foulée et meilleur coordination et transmission des forces entre le haut et le bas du corps), de protéger la colonne vertébrale et de prévenir les tensions musculaires. En effet, selon Heyer, quand vous courez, la stabilisation musculaire intervient entre 2 et 4 fois par seconde pour contrer la déformation du corps. Une bonne sangle abdominale permet donc d’acquérir une foulée efficace et une bonne détente, l’athlète rebondissant sur ces appuis de manière optimale (foulée dynamique et aérienne).
Le renforcement de la sangle abdominale passera par un travail de gainage qui aura pour objectif d’optimiser la transmission d’énergie entre les membres inférieurs et supérieurs.