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PROFIL TERRIEN OU AERIEN

Nous avons parlé la semaine dernière de l'attaque du pied au sol, attaque avec le talon ou la plante du pied (voir Newsletter n°7). Nous avons vu que les coureurs qui avaient une attaque du pied au sol avec la plante du pied (les coureurs médio-pied) avaient tendances à avoir une foulée plus légère, plus dynamique ainsi qu'une absorption de l'onde de choc que les coureurs qui attaquaient le sol avec le talon. 
Mais pourquoi deux techniques différentes ? Deux types d'attaques au sol différentes ? 

Alors que depuis les années 70 et les trente années qui suivirent furent celles de la course type "talon-plante-pointe" ou l'athlète vient dérouler le pied au sol; depuis les années 2000, c'est l'essor de la course sur le medio-pied voir l'avant-pied, favorisée avec les chaussures minimalismes qui voit le jour. Mais si cette tendance avait une autre origine ? Si au lieu d'un effet de mode, cette différence de foulées venaient d'ailleurs, de quelque chose d'ancré en nous, nos préférences motrices

TALON OU AVANT PIED OU TERRIEN OU AERIEN: 

L'observation des coureurs de profil permet de différencier deux grands types de course: 

Un premier type qui consiste à attaquer le sol avec le talon avant de dérouler l'intégralité du pied, le pied prenant contact avec le sol légèrement en avant de l'axe du tronc, qui lui est droit. Une fois le talon ancré au sol, le coureur vient tracter son bassin puis son tronc vers l'avant. La foulée se fera plutôt en rasant le sol et on ne notera pas de grandes élévations du corps ou du centre de gravité entre deux appuis successifs. On parlera alors de coureur TERRIEN qui démarre sa foulée par le bas, au niveau du bassin. 

Un autre type consiste à attaquer le sol avec le plat du pied (appui médio-pied) ou l'avant-pied. Au préalable, le mouvement aura été amorcé par la projection des épaules et de la tête en avant, pour favoriser l'inclinaison du tronc, emmener le bassin et générer l'appui médio-pied à l'aplomb de l'axe du tronc. La foulée sera plutôt aérienne (temps de suspensions important), tels des petits bonds exprimant un certain dynamisme, les amplitude du centre de gravité de bas en haut seront plus important que dans le model précédent (coureur terrien) On nommera ce type de coureur AERIEN qui démarre sa foulée par le haut, au niveau des épaules

DES MUSCLES DIFFERENTS SOLLICITES: 












Les muscles dominants du coureur terrien sont situés sur le devant du tronc et des jambes (chaîne de flexions): muscles antérieurs du cou, abdominaux, adducteurs, quadriceps pour les principaux 
A l'opposé, les coureurs aériens utiliserons plutôt leur chaîne d'extensions (arrière du tronc et de la jambe): muscles postérieurs du cou, muscles extenseurs du rachis, fessiers et mollets principalement 
L'activation et la gestion de la foulée seront donc complètement opposées d'un type à l'autre. 

UNE QUESTION DE PREFERENCE MOTRICE: 

Il faut revenir à nos origines pour comprendre un peu mieux ce mode de fonctionnement différent. Les recherches en Neurosciences, ces vingt dernières années ont mises en évidence un lien préférentiels qui existerait entre le cerveau et certains muscles. 

Dès la naissance, le squelette est soumis à la force gravitationnelle. Pour pouvoir bouger, ou même tenir debout, le cerveau met en place dès le départ une stratégie pour s’équilibrer au mieux afin de pouvoir interagir avec son environnement. Cette attitude posturale pour tenir debout ou pour bouger sera la plus économe (faible coût énergétique pour un rendement maximale), la plus naturelle, il s’agira d’une préférence motrice. 

Dans le sport, où il existe une notion de performance et de dépassement de soi, avec de fortes contraintes physiques, la connaissance de ses préférences motrices s'avère être essentielle. Ces préférences sont celles qui doivent guider le sportif dans l'exécution de son geste, afin d'en retirer un maximum d'efficacité. 

Tout comme un droitier, avec l'entraînement pourra écrire comme un gaucher; un coureur terrien peut ponctuellement basculer en aérien, mais cela lui demandera plus d'effort qu'un vrai coureur aérien. Cela l'exposera à plus de fatigue et à un risque plus important de blessure. 
La connaissance de ses préférences motrices doit permettre au sportif, non seulement d'améliorer sa gestuelle, mais aussi sa préparation physique. 

Les muscles dominants selon les profiles étant opposés, il sera primordial de définir des priorités dans l'approche du renforcement musculaire, dans la prise en charge des blessures et dans la réathlétisation. 

L'appui Terrien ou Aérien étant différent, le choix de la paire de running sera important. Il influencera en facilitant un type de foulée, ou au contraire en s'y opposant, faisant basculer le coureur dans un schéma moteur qui n'est pas le sien, avec les risques que cela sous-entend. 

Il est important de retenir que: 
Nous avons tous une base musculo-squelettique identique MAIS nous ne l'utilisons pas de la même manière. Il y a donc autant de manière de courir que d'individus ! Chacun a sa propre stratégie d'équilibre pour tenir debout, sa propre façon d'initier les mouvements de base que sont la marche et la course. Il est donc important de connaître son profil moteur (terrien ou aérien), sa propre façon de s'activer dans le mouvement pour pouvoir s'entraîner en conséquence. 

CONCLUSION: 

Le corps adopte donc telle ou telle foulée pour des raisons qui lui sont propres: morphologie, souplesse, qualité musculaire initiale (dominante fibres rapides ou fibres lentes, qualité d'élasticité musculaire et de raideur) dans un but ultime, être le plus économe possible. Ces patterns de mouvements nous sont innés. Il n'y a donc pas de foulée parfaite, idéale et figée ! Chaque foulée possède ses avantages et ses défauts, l'erreur serait de vouloir changer la nature profonde de notre foulée. Pourtant, ça n'exclut pas d'optimiser au mieux notre potentiel et notre foulée de base pour la rendre plus efficiente. Les exercices de gamme athlétique sont là pour nous permettre d'être le plus polyvalent et le plus efficace possible. 

ANALYSE ET PREFERENCE DES DEUX PROFILS: 



PROFIL TERRIENPROFIL AERIEN
Motricité part du bassin 
prise d'appui sur le talon 
déroulement du pied au sol 
La jambe est poussée par la contraction des muscles      
Foulée longue avec impact au sol en avant du centre de gravité 
Temps de suspension court 
Chaîne musculaire antérieur 
Balancier des bras à partie des épaules 
buste droit et bassin vers l'avant 
chaussure avec drop important et flexible pour accompagner le déroulement du pied 
travail important des psoas, quadriceps et chevilles 
Motricité part des épaules 
Prise d'appui sur le bord externe du pied ou l'avant pied 
Foulée courte avec impact au sol aligné avec le centre de gravité (la jambe d'appui rentrant en contact avec le sol en aplomb du bassin. 
Temps de suspension long 
Chaîne musculaire postérieure 
Balancier des bras à partir des coudes 
buste et épaule en avant du centre de gravité avec un bassin vers l'arrière 
chaussure avec un léger drop
travail important des soléaires, gastrocnémiens, ischio-jambiers et tendon d'Achille 




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